while passion fades and i'm on my own
Azraël-Sky c'est ton prénom. Composée parce que tes parents adorent ça et qu'ils prônent sans arrêt l'originalité. Mais généralement, les gens se contentent d’Azel. Comme le ciel et pourtant, t'as rien chez toi qui peut y faire penser. Au final, tu te qualifierais de fade et peut être que tu l'es. Rousse genre vraiment rouquine, les yeux couleurs noisettes et le teint à la limite du blafard par moment. Personne ne semble croire que tu vas bronzer de temps en temps. Et pourtant, c'est juste le soleil qui est allergique à toi. Il te fuis, te joue des mauvais tours mais n'est toujours pas décidé à colorer quelque peu ta peau. C'est triste non ? Pourtant tu le cherche, tu le provoques. T'es même passionnée de l’extérieur alors le traître aurait pu te faire une fleur. Mais non, toujours pas. Tu continueras sûrement à t'associer à l'aspirine pendant un bon bout de temps. Enfin, c'est comme tout, c'est la vie. Puis en y réfléchissant, c'est sûrement le dernier de tes soucis. T'aime bien faire des tas de tout et de pas grand chose. C'est surtout pour échapper à la réalité, TA réalité. Paraît que quand une personne proche nous quitte, on passe par plusieurs phase. Le déni en est une. Et bien oui, tu vis totalement dans le déni. Sauf qu'en l’occurrence, c'est non pour un décès mais pour une maladie. Tu souffres, énormément même, mais tu ne dis rien. C'est plus facile de faire comme si tout allait bien hein ? Et tes parents sont là, regard rivés sur ta personne, chuchotant sur ton passage et attendant que t'acceptes les choses. Paraît qu'il ne faut pas te brusquer alors ils ne disent rien, ils laissent couler pensant que tu vas réussir à faire front. Et si tu ne le faisais pas ? Si tu étais juste incapable de te battre ? Peut être que tu n'as pas envie d'espérer quoi que ce soit. Pas l'envie d'attendre qu'un miracle se produise ou que ce foutu biper sonne. T'es pas prioritaire, y en a des tas d'autres comme toi et peut être que cette greffe tu ne l'auras pas. C'est moche han ? Mais t'as besoin de vivre toi. Peu importe si c'est pendant un temps limité, t'as juste besoin de vivre chaque jour comme si c'était le dernier. Est-ce bête comme raisonnement ? Tu cherches jamais à justifier tes choix, tu parles même pas de tout ça. Tu vis juste parce que tu sais que demain tu ne seras peut être plus là.
«
Aza ? » Posant ton rouge à lèvre sur le bord de ta coiffeuse, tu te tournais doucement alors que ta mère avait poussée doucement la porte de ta chambre. «
Tu sors ? - «
J'crois que ça s'voit. » T'aimais pas les questions stupides, sans intérêt et fallait tout de même avouer que depuis quelques jours, tu t'montrais plus agressive. Peut être parce qu'au final, c'était elle qui avait le plus de mal à accepter. Faudrait pourtant qu'elle s'y fasse non ? C'était comme ça, c'était la vie. Y avait des gens avec de la chance et d'autre pas. Tu rentrais dans la deuxième catégorie et puis voilà. «
Tu devrais te reposer. - «
J'ferais ça demain. » Un soupir sortait de la bouche de ta mère comme à chaque fois qu'elle discutait avec toi. Le problème, c'était que vous ne partagiez pas du tout le même point de vue. «
Les médecins ont dit qu.. » - «
JE VAIS MOURIR OKAY ? » C'était dur comme parole non ? Avec du recul, tu pourrais probablement le voir mais sur le moment, t'envoyais juste les choses. Elle avait les larmes aux yeux et elle capitulait comme à chaque fois. Fallait qu'elle comprenne. Qu'elle se rentre en tête que sans cette greffe, t'aurais pas l'occasion de vivre jusqu'à tes soixante-dix ans.
Les ravages de la mucoviscidose était réel. Et tu savais très bien qu'il fallait que tu te ménages. Que tes insuffisances respiratoires n'étaient pas à prendre à la légère mais quitte à devoir mourir plus tôt que prévu autant en profiter.
«
Sarah, tu devrais vraiment arrêter de traîner avec ce genre de gars. » «
T’es pas ma mère. » Tu poussais un soupir jetant un regard qui voulait dire
help à tes deux autres sœurs. Tessa-Lïv, Siloë-Blue et toi étiez ce que les gens appelaient des triplés. Et identique pour bien rendre difficile les choses. Au final ça te dérangeais pas, c’était plus Sarah qui semblait pas aimer la situation et pourtant, vous n’aviez pas de cesse de la sortir de ses mauvais pas. «
On devrait s’arrêter manger. » Tu tournais à un embranchement pour t’arrêter à un fast food sans vraiment attendre les avis de tout le monde. «
J’ai envie de pisser. » Chouette. Tu t’arrêtais peu avant la borne laissant Sarah sortir, aussitôt suivit de Loë. Ouais, c’était les deux qui avait des problèmes de vessie et qui était incapable de se retenir le long d’un trajet. Donc pour la peine, tu te retrouvais en tête à tête avec Tessa avançant petit à petit. Pourquoi fallait-il toujours qu’il y ait un monde fou ? Tu levais les yeux au ciel esquissant un sourire en voyant Sarah face à toi attendant simplement que la voiture avance un peu. Ce que t’avais pas prévu, c’était la suite. Une voiture qui freine brusquement, un homme sortit de nulle part et Sarah hurlant alors qu’elle était entraînée de force dans la fourgonnette juste derrière. «
SARAAAAAAH » Tu tentais d’ouvrir ta portière sans grand succès puisque celle-ci était coincée par le mur et du côté de Tessa, ce n’était pas franchement bien mieux. Sauf qu’elle au moins été intelligente et finissait par tenter de glisser par la fenêtre bientôt suivit par toi. Mais c’était trop tard, Sarah n’était plus là, personne n’avait bougé et votre petite sœur s’était envolée.
Trois ans était passé et toujours pas de nouvelle de Sarah. L’enquête avait piétinée encore et encore et au final, les flics ne servaient strictement rien. Toi, t’avais toujours été douée en informatique, plus particulièrement pour rentrer dans les systèmes. Hackeuse ? Peut être bien. Mais puisque personne ne semblait réussir à la trouver, toi t’allais le faire. T’infiltrer tout, tu cherchais tout et tu continuais d’espérer à pouvoir trouver. En attendant, t’en parlais pas. Tu mettais chaque jour à contribution pour retrouver Sarah. Elle n’était pas morte, tu le savais et tu voulais trouver le connard qui avait pu l’enlever. Pourtant, c’était dangereux. Les menaces, les petits mots glissés sous ta porte et sous celle de tes sœurs.
Vous serez les prochaines. Facile à interpréter, trop peu pour t’arrêter. Tu passerais tes derniers jours à la chercher s’il le fallait. C'était bizarre comme philosophie de vie, tu le sais, t'es parfaitement au courant de tout ça. Mais c'est comme ça. Et tu vis, tu demandes que ça mais tu ne veux pas t'accrocher à l'espoir que tout s'arrangera. C'est faux, tu le sais. Peut être que ça n'arrivera jamais. T'as peur parfois, peut être même souvent et la plupart du temps tu fais semblant. Semblant d'aller bien, semblant de pouvoir tout faire. Trop de fois tu joues à l'invincible alors que t'es peut être la plus fragile d'entre tous. T'as peur aussi, peur de faire mal à tes amis, peur de détruire tes parents. Tu veux pas tomber amoureuse parce que tu ferais encore du mal inutilement. Des thérapies encore. Des espoirs toujours. Tu vis à un rythme effrénée sans trop savoir de quoi demain sera fait. T'as peur beaucoup, t'as peur tout le temps et pourtant tu caches tout ça, tu tais tes indécisions, t'essaie de rester forte. Pour toi, pour les autres, pour eux. T'as pas le droit de flancher, pas le droit d'abandonner. Et c'est parfois trop dur de suivre le fil, d'être comme tout le monde. C'est dur, tu craques et tu repars. Tu ne demandais qu'à vivre pourtant. Tu ne demandais qu'à vivre vraiment.