« WOOD, MAG, VENEZ ICI TOUT DE SUITE ! » ouille, ça c'était signe que ça allait barder pour ma sœur et moi. Ricanant, Mag et moi quittions notre chambre pour rejoindre notre père qui se trouvait au rez-de-chaussez, visiblement il avait trouvé l'état de la cuisine pas tellement à son goût. En effet, alors qu'il s'était enfermé dans son bureau pour finir ses papiers comme il a toujours eu l'habitude de faire, Mag et moi avions eu la très judicieuse idée de vouloir faire un gâteau. Sauf qu'à cinq ans, c'est pas quelque chose qu'on sait normalement faire. A la base, cela partait vraiment d'une très bonne intention mais comment expliquer cela à notre père ? Dans la cuisine se trouvait le paquet de farine grand ouvert et renversé, avec de la farine un peu partout sur le plan de travail. Il y avait aussi quelque chose supposait être une pâte mais qui en faite n'en était pas une du tout. Des œufs très très mal cassés et donc fichus et j'en passe encore des misérables. « Mais papa, c'était pour toi.. » s'aventura Maggie. « Je n'veux rien savoir ! Vous voyez le bordel que vous avez mît ?! Je vous est pourtant interdit de toucher quoi que ce soit de la cuisine sans ma présence, c'est dangereux ! » et il n'avait pas tort. Mais que voulez-vous, à cet âge là les enfants poussent leur parents jusqu'à leur limite. En temps normal notre père n'est vraiment pas méchant, bien au contraire. Mais il a toujours su se faire obéir dans n'importe quelle circonstances, de plus il était seul à s'occuper de nous. A l'école, j'entendais souvent dire qu'il était courageux parce que nous n'avions pas de mère et qu'il s'occupait de nous tout seul. C'est vrai que c'est un homme courageux, je respecte énormément mon père pour cela. D'avoir assumé quelque chose que notre mère n'a jamais su faire en nous abandonnant dès la naissance. Chose que nous à cinq ans, nous ne savions pas encore.



« Tu ne peux pas faire la loi tout le temps Woody, tu le sais. » oui, je le savais. J'avais beau avoir neuf ans à l'époque, je savais très bien que je n'étais pas en mesure de faire la loi, ni même de faire quoi que ce soit à dire vrai. « Je sais que tu tiens énormément à ta sœur, que je t'ai demandé de prendre soin d'elle et de la protéger mais je ne t'ai jamais demandé à en venir au mains fils. » Je savais qu'il avait raison, mais on avait insulté Maggie, on nous avais insultés, qu'est ce que je devais faire ? Me taire ? Je n'avais pas pu. « On l'a insulté papa, toi aussi, moi auss... », « Ce n'est pas une raison, Wood! » me coupa mon père. « Ecoute, je suis fier de toi, je suis fier que ta sœur puisse compter sur toi. Mais les bagarres n'ont jamais été la solution à tout ça, imagine s'il t'arrivait quelque chose ? Comment régirait Mag ? Pense à tout ça. » Les soupirs de mon père me rendait mal à l'aise et honteux. Mon père n'a jamais aimé la violence, comment pourrait-il accepter que son fils le soit ? Pourtant à neuf ans on m'a donné des responsabilités importante, prendre soin de ma sœur cadette de quelques minutes, lui faire oublier l'absence de notre mère alors que toutes ses copines ne parlaient que de la leur. Le choc a été plus dur à encaisser pour Maggie que pour moi, mon père a toujours su être fort avec nous, je ne pouvais pas lui en vouloir de tout ça. Je ne voulais d'ailleurs pas connaître ma mère, c'est aussi sûrement pour ça que mon père nous a envoyé le plus loin possible de Londres, mais c'était la meilleure solution, je le sais. « J'suis désolé p'pa. » dis-je. « Je sais fils, je sais. Je ne t'en veux pas, mais s'il-te-plait réfléchis la prochaine fois. Ta soeur a besoin de toi, mais pas comme ça. Aller, viens. » m'a t-il dit en tendant les bras. Sans attendre, je venais contre lui pour qu'il me donne du réconfort mais surtout un peu de son courage. Mon père était mon meilleur exemple.


Attablé dans la cantine du lycée, je profitais de la pause du midi pour me remplir le ventre qui me criait famine depuis le matin 8 heures déjà. Riant avec mes amis, une voix m'interpella dans mon dos, « Bah alors Woody, t'a mère ne te fais pas à manger à la maison ? Ah mais non, tu n'en as pas c'est vrai. » ma mâchoire se serrait et c'est mon meilleur ami qui se trouvait en face de moi qui prit la parole à ma place. « C'est bon Greg, ferme-là tu veux. » Je le remerciais du regard, mais visiblement cela ne calma pas le dit Greg, encore moins quand ma sœur entra dans la catine à son tour avec ses amies. « Tiens, voilà la deuxième orpheline ! », « Wood, non ! » s'en était trop, je m'étais levé de ma table pour me jeter sur Greg. « Ferme ta grande gueule Greg! FERME-LA! Parles encore une fois comme ça d'elle et j'te jure que personne va te reconnaître. » hurlais-je, alors que mon meilleur m'avait rattrapé et retenu en arrière. « De quoi tu te plains Woody, hein ?! T'as pas de mère, mais ton père il est blindé, ça te suffit pas ? Ca vous suffit pas ?! Vous êtes là à jouer les petites victimes parce que votre mère vous à abandonné à la naissance alors que vous croulez sous l'argent, bande d'égoïstes! » Mais je n'entendais plus la suite, mon meilleur ami m'avait fait sortir de la cantine pour que je puisse me calmer et ne plus entendre ses conneries. Je voyais ma soeur arrivait au loin, se jetant sur moi voyant que je saignais légèrement de la lèvre. « Putain Wood mais il faut que tu te calmes, si papa l'apprends... », « Je m'en fou Mag, papa comprendra. Et même si il comprends pas, je peux pas laisser faire ça. On a pas à être insulté, tu l'sais ! » lui dis-je sur un ton légèrement trop fort. Son regard se leva sur moi et quand je vis ses yeux remplit de larmes, je pris son visage entre mes mains pour embrasser son front. « J'suis désolé Maggie, pardon. Je recommencerai pas, j'veux juste pas qu'on s'en prenne à notre famille. » lui soufflais-je pour la rassurer le plus possible.
« Tu peux me rejoindre sur le stade ? Merci, à tout de suite. » Je raccrochais mon téléphone puis récupéra mon gilet en faisant le moins de bruit possible. Je vérifiais rapidement que ma sœur et mon père soit occupé en bas pour sortir discrètement par la fenêtre et rejoindre le stade, mon lieu de rendez-vous. Au bout de cinq minutes, un garçon de mon âge arriva. « T'as ce qu'il faut ? », « Evidemment Wood, pour qui tu me prends. Mais c'est la première fois, vas-y doucement. », « T'occupes, donne. » répondais-je sèchement. « Si c'est à cause de Greg, réfléchis. Tout le monde est au courant, c'est un con et tu le sais. » Je levais mes yeux sur lui en prenant le petit sachet, lui donnant ensuite les sous, « C'est pas Greg, ça me regarde ok ? Merci, à demain. » Ce fut ma première fois que je tentais ce genre d'expérience, malheureusement loin d'être la dernière. A longueur de journée j'avais le droit à ce genre de choses, si ce n'était pas Greg c'était un autre alors j'avais fini par trouver ce dernier moyen. Oublier, fuir, c'était tellement facile. Il ne me restait plus qu'à ne pas me faire cramer par ma sœur ou mon père.


« J'SUIS ACCEPTE. J'SUIS ACCEPTE PUTAIN! » En trois ans, les choses ont changés. La drogue ? L'alcool ? C'était terminé. Quelques mois plus tôt j'avais obtenu mon diplôme haut la main et j'avais fais une demande pour l’université de New-York. Les années m'ont fait mûrir et puis, quand votre soeur vous tombe dessus entrain d'acheter cela, franchement, vous vous sentez aussi merdeux que possible. Mon cri de joie ? C'est parce que je viens d'avoir la réponse de l'université, ils m'acceptent avec grand plaisir dans leurs faculté de Droit. Alerté par mes cris, c'est ma sœur qui entra en trombe en premier dans ma chambre, « Qu'est ce qui a, pourquoi tu hurles? », « MAGGIE PUTAIN. Je suis accepté à l'université de New-York ! », « Sérieux ? OH MON DIEU WOOD, C'EST TROP BIEN! » hurla t'elle en me sautant dans les bras. « OH! C'est quoi ce boucan là, je travaille moi! », dit mon père en entrant également dans ma chambre. « Il est accepté à l'université de New-York papa! », oui, ma sœur avait tendance à oublier que ce n'était pas toujours à elle d'annoncer les nouvelles. Mais je ne lui en voulais pas, mon regard se tourna vers mon père ou je pu voir un immense sourire, « Félicitations fiston ! », dit-il en venant me prendre dans ses bras. « Je savais que tu y arriverais, j'suis fier de toi Wood. » Ça, c'était le genre de mot qu'on aimait entendre. Je n'ai pas toujours rendu mon père fier, surtout à mes quinze ans mais si j'avais arrêté toutes mes conneries, c'est en parti pour ça. Mon père a toujours tout fait pour qu'on s'en sorte et qu'on ne manque de rien, je ne pouvais pas ne pas lui faire honneur. Mes erreurs m'ont appris beaucoup de choses, m'ont aidé à grandir et à me rendre compte de ce qui était important et ce qu'il ne l'était pas.


Tendu, voilà comment je me sentais. Mon doigt quitta ma poche pour aller se jeter sur la sonnette, pour finalement entendre une voix de l'autre côté de l'interphone, « C'est Wood? », « Oui. », « Monte! » après ses mots, je poussais la porte de l'immeuble, monta les escaliers et trouva la porte grande ouverte. C'était toujours un choc de voir la copie conforme de Maggie, alors qu'il s'agissait en faite de Maddie, mon autre sœur jumelle. Je l'ai découvert il n'y a pas longtemps, ce fut un choc mais au fond je savais qu'il manquait encore quelqu'un à ma vie. Nous étions des triplés, Mag et moi avions été adopté ensemble, mais pas Maddie. Nous avons apprit à nous connaître et nous nous entendions à merveille d'ailleurs. Je l'ai aidé à trouver son appartement ici, à New-York. « Je suis contente de te voir! Viens, installe-toi. » me dit-elle en me montrant son canapé. Je ne refusais pas et m'y installa après avoir retiré mon blouson. « Alors, tu es bien installée ? », « Oui c'est génial, vraiment merci pour ça Woody. » je levais la main pour la stopper lui faisant comprendre que ça paraissait tout à fait normal pour moi de faire cela. « Tu sais, pour Maggie, t'en fais pas. Elle acceptera un jour j'en suis sûr. » dis-je, voulant la rassurer. En effet, Maggie avait énormément de mal à vouloir connaître Maddie, elle était même désagréable avec elle la première fois qu'elles se sont rencontrées. « Je ne lui en veux pas, je pense que c'est normal qu'elle est du mal. Il faut du temps à tout ça... », elle avait raison. De mon côté, j'allais tout faire pour que Maggie accepte Maddie. Je lui souriais alors en retour. « Un chocolat ? », « Oh ouais, avec plaisir! »